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tapanur
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amour - Le quotidien de l'amour (pièce en un acte)  Empty Le quotidien de l'amour (pièce en un acte)

Lun 11 Mai - 6:34
Le quotidien de l'Amour 
(second degré exigé)

- Dis, Patrick, tu m'aimes ?

- Oh, putain, la question à la con ! Allez, lâche ta bouteille de Javel et viens un peu là, je vais t'expliquer un truc ! Et puis enlève ces gants en plastoc, on dirait une bonniche ! T'es quand même ma femme, non ? (Il sourit)
- Voilà, donne-moi la main, Bébé ! Alors, ça fait combien de temps qu'on est ensemble, huit ans...neuf ?

- Ça a fait dix ans avant hier, mon chéri...(air triste)

- Dix ans ? Avant hier ? C'est pas possible ! T'aurais pas pu le dire avant ? Aaaaah, je vois ! Tu attends deux jours et au bon moment, boum, tu me balances ça à la gueule ! Ah bravo, c'était bien calculé ! Là, j'applaudis, regarde ! (Il applaudit)
- Et t'as oublié l'anniversaire de mariage et tra la lère et tra la la ! Tu sais que t'es quand même une sacrée vicieuse toi, hein !

- Mais je ne t'ai rien reproché !

- Non, bien sûr ! Je suis vraiment trop con, tiens ! Et en plus, il faudrait que je passe mon temps à te faire des déclarations d'amour ! Ah, on croit rêver ! D'ailleurs, depuis que t'as cette nouvelle copine, là, Framboise, Françoise ...ouais enfin, bref... elle a pas inventé la poudre, hein, celle-là ! Les nanas entre elles, c'est toujours pareil, ça se monte la tête, ça lit des revues à la con, résultat, on se croit déjà au dernier casting d'Almodovar, le cul frétillant et la mine inspirée. C'est tout juste si on postule pas pour le Nobel de Philosophie.

(Elle pleure)

- Allez, maintenant elle chiale !

- Décidément, tu m'auras tout fait ! Même pas foutue de me faire un gosse, tes parents, on dirait deux santons dans la crèche d'un charcutier et toi tu la ramènes ! Qu'est ce qu'il te faut de plus, tu veux ma peau, c'est ça ? Là, bien sûr, tu dis plus rien. Dès qu'on veut parler intelligemment ! Ah ça, avec toi, la tranquillité ça devient une légende, un rêve, une vue de l'esprit !

- Tiens, c'est bien simple ! En dix ans, je suis même pas sûr d'avoir passé une journée sans que tu me fasses chier avec tes histoires de diabète ou tes crises d'asthme. Ça aussi, hein, tu t'es bien gardée de me le dire quand je t'ai draguée, au Banana Club. Ouais, elle nous la jouait nana branchée, bien dans ses baskets, dix sur dix à chaque ?il ! Il a fallu que je la surprenne dans les chiottes, en train de se faire sa piquouse d'insuline et là, bien sûr, elle m'a tout avoué, avec son air de pucelle en socquettes ! C'est vraiment pas le courage qui t'étouffe, hein ! Et moi, bon prince, j'ai tout accepté: les week-ends à l'hôpital, le Pavillon des Cancéreux, ton papa en train de dégueuler dans tous les coins, la chimio et tout le reste. Et ta mère, parlons-en de ta mère ! Cent kilos de bidoche à boucherie, un cerveau de méduse jurassique, parfumée à l'essence d'urinoir! Eh oui, ma beauté, ça fait dix ans que je dois supporter ça, alors franchement, si un de nous deux a le droit de se plaindre ! Mais merde, quand même, il faut être réaliste ! Bon écoute, j'en ai marre de parler tout seul je vais me jeter un Gin poireau et je reviens

- Lui et son Gin Poireau, il a pas l'air con, tiens ! Tout ça pour faire comme ses copains de Neuilly, un ramassis de crétins pleins aux as, oisifs et laids comme des morbacs ! Vraiment aucune personnalité ! Salaud, va ! Cette fois, c'est décidé, je me barre ! Il est complètement cinglé ! Et il me fout la trouille, en plus. C'est Maman qui avait raison, c'est un raté, un frustré, un con, un psychopathe. D'ailleurs, pour le gosse, je suis même pas sûre que ce soit de ma faute, il a jamais voulu faire le test 

(Elle réfléchit).

- Ouais, mais si je m'en vais, il est capable de me tuer. Il a bien tué mon chat, Grizzly. Il l'a toujours nié mais je suis sûre que c'était lui. Monsieur avait peur d'attraper la Toxo, tu parles, ça l'empêchait pas de bouffer ses crottes de nez avant d'aller au Mac do ! Beurk, il me dégoûte ! Mais comment j'ai pu rester avec ça pendant dix ans ?

- Bon, ma fille on reste calme et on réfléchit ! Tu ne lui dis rien et dès qu'il a le dos tourné, hop, tu files à l'anglaise !

(Il revient)

- Aaah ! Tu devrais essayer, tu sais pas ce que tu perds. Au fait, t'oublieras pas de racheter du Gin, y'en a presque plus. Alors, tu t'es calmée ? Allez, arrête de faire la gueule, tu m'as toujours dit que tu aimais la franchise ! Il faudrait savoir ! On oublie, ok ? Par contre, il faudrait quand même que tu finisses le couloir, j'ai failli me casser la gueule avec ce seau qui traîne au milieu. Mais qu'est-ce que t'as foutu comme produit, là-dedans ? C'est sensé nettoyer, ça ? Non, sérieusement...on dirait une opération porte ouverte à la morgue, ton truc ! Ça pue, c'est pas croyable ! Tu vois, si j'avais voulu être salaud, je t'aurais dit : Dis donc, chérie, t'as fait ta toilette, aujourd'hui ? Alors, tu vois hein, finalement...hein !

- Ouais, mais tu y as quand même pensé

- Mais elle a parlé ! C'est pas vrai, pincez-moi, elle a parlé ! J'étais à deux doigts d'appeler le SAMU...je te jure !

- C'est hilarant ! Là, tu te surpasses !

- Ben dis donc ! Il est où ton bel humour ? C'est pas toi qui dis tout le temps que rien n'est sérieux, que la vie est absurde ? Et là, brusquement, Madame a ses vapeurs, Madame nous fait le coup de la pâmoison à l'ancienne, elle perd vite ses moyens, Madame !

(Il tourne en rond, quelques secondes)

- Bon, on arrête ? Franchement, tu crois pas qu'on a mieux à faire que de s'engueuler tout le temps ? Allez, un baiser, comme tu les aimes ...allez, quoi !

(Il lui tend la main, quelques secondes passent.)

(Elle l'embrasse sur la main).

- Eh ben, voilà, c'était pas compliqué ! Ah, toi, il faut quand même t'aimer, hein ! Eh, chérie, tu sais quoi ? Si on se faisait un resto, ce soir, c'est moi qui régale, pour me faire pardonner, ok ?

(Elle pense)

- Le coup du resto...il a vraiment honte de rien. Remarque, c'est toujours ça de pris et quand on est en public, au moins, il est gentil ! Oui, mais après, il va vouloir me baiser et là, franchement, j'aimerais mieux utiliser mon joker ! Oh, je trouverai bien un truc, au dernier moment !

(Elle arrête de penser)

- Bon, si tu veux, mais maintenant, laisse-moi, j'ai le ménage à finir !

(Elle repart dans le couloir)

- Ah, la conne, elle a gobé le coup de resto ! C'est presque trop facile, j'en ai mal pour elle ! Enfin, le monde est comme ça, si tu bouffes pas les autres, c'est eux qui t'écrasent. ! Ceci dit, pour tenir la baraque, là, chapeau bas. Elle a pourtant jamais appris, ça doit être un don, peut-être dans les gènes, je sais pas !

- Moi, j'ai toujours dit: "chacun à sa place et les chameaux seront bien gardés !" Elle aime pas quand je lui balance des formules, comme ça, ça lui fait prendre conscience de ses lacunes, c'est pour ça que j'en abuse pas, je suis quand même pas un monstre ! 

- Bon, avec tout ça, il va encore falloir lâcher cinquante euros. Ça commence à me coûter cher ses petits caprices ! Heureusement qu'ses parents sont là pour arroser, sinon on s'en sortirait jamais. Mais j'y pense il doit me rester deux ou trois tickets resto, j'espère qu'ils sont pas périmés !

(Il se dirige vers la patère)

- Non mais, c'est pas vrai ! Oh ! Il est où mon loden vert ? Eh...Oh ! Tu m'entends... ?

(Elle rentre dans la pièce)

- Mais mon ami, ton loden vert il est chez le teinturier, je t'avais pourtant dit de ne pas faire la vidange avec, tu te souviens ?

- Bon, on se calme. !

Je suis zen, je suis un petit nuage flottant au-dessus des ramures ! Je suis un petit oiseau portant au nid ses brindilles !

(Il expire trois fois, genre femme enceinte)

- Ça va, mon chéri ?

- Ouais, ouais, ça va !

- Ce sera tout ? Monsieur ne désire rien d'autre ?

- Non, n'en rajoute pas, hein... s'il te plaît !

(Elle repart dans le couloir)

- Ah, elle est très forte ! C'est ça, les esprits simples, ils font les choses comme ça, instinctivement, un peu comme les bêtes, juste pour nous emmerder, nous, les humains ! Elle veut jouer à ça ? Ok, on va être deux ! Moi aussi je peux être con, attends un peu, ma vieille, tu sais pas à qui t'as à faire !

(Il réfléchit un instant)

- Ouaiiiis, c'est ça ! Ses trucs à zéro pour cent, les bio machins, là, à deux euros pièce ! Tiens, c'est curieux mais j'ai comme un p'tit creux d'un seul coup ! Après tout, je suis chez moi, non !

(Il va dans la cuisine et revient avec un yaourt. et se met à siffler pour attirer l'attention de sa femme)

- Alors, elle se pointe ? Je vais pas rester comme ça une heure !

(Il commence à manger)

- Dis donc, j'ai pris un truc dans le frigo, c'est pas mauvais du tout, hein ! Tu sais, un de ces machins de régime là, au trifidus actif !

(Elle répond de loin)

- Tu as bien fait mon chéri, ils sont périmés depuis deux jours, mais ne t'en fais pas, il paraît qu'on peut les manger une semaine après la date !

(Il arrête de manger et regarde devant lui, dubitatif. Quelques secondes passent)

- Ah, la conne ... ! Là, je suis sur le cul ! Je m'demande si je l'ai pas un peu sous-estimée, finalement ! Oh, dis donc, presque ça m'exciterait, c'est quand même dingue, l'esprit humain ! Je vais aller voir si la viande est encore fraîche !

(Il se frotte les mains et la rejoint dans le couloir)

- Dis donc, Bébé, tu sais à quoi je pense ? On n'a plus qu'une heure avant le resto alors, si tu veux tenter ta chance, je suis ton homme !

- Arrête de faire l'idiot ! Des fois, on dirait que tu as dix ans !

- Dix ans, encore ? Décidément, on n'en sortira jamais ! Oh et puis merde ! J'en ai marre de faire toujours des efforts pour les autres !

(Il s'affale dans un fauteuil et allume la télé)

(On entend la télé)

- Alors vous, Marie, vous vivez avec Antoine. Antoine passe ses soirées d'une façon...disons, un peu particulière ! Mais il va nous dire lui-même de quoi il s'agit. Bonjour Antoine !

- Salut !

- Alors, dites-nous, pourquoi avez-vous choisi de participer à notre
émission ? Quel est donc ce terrible secret que vous gardez jalousement depuis dix ans ?

- Putain cong, ça se voit pas ? T'as pas vu comment je suis sapé, cong ?

(Rire du public)

- Eh...ouais, je suis travelo, catégorie poids plume cong, deux heures de spectacle tous les soirs au Poulain Rouge, cong, vingt euros l'entrée, demi-tarif pour les militaires et gratos pour les esclaves en laisse, cong !

(Patrick éteint la télé)

- C'est pas possible d'entendre des conneries pareilles ! Eh, t'as
entendu ?

(Elle ne répond pas)

- Ah, le monde est mal, hein ! Entre ça, les jeux à la con et Belmondo, 
quinzième édition, on se demande ce qu'ils peuvent bien foutre avec le fric de la redevance !

- Ah si... bien sûr, on offre des bagnoles à des ploucs made in Terroir et tout va bien ! C'est la Misère Academy, le Loto des Prolos, La Roue de l'Infortune !

(Bébé entre dans la pièce)

- Alors, mon chéri, on parle tout seul ?

- Oh ! Tu peux pas comprendre ! Quand on regarde les Feux du Labour et Arthur fait sa parade !

- Ouais et quand on regarde la minute intellectuelle de Jean Claude
Van Damme, ça s'appelle comment ça, de la Culture ?

- Tu confonds tout, comme d'habitude ! Et puis franchement, j'ai pas
envie de me justifier alors, si tu veux me coincer, trouve autre chose !

- Non, désolée, je n'ai pas vraiment le temps ! Tu veux toujours aller manger en Ville ?

- Quelle question, bien sûr, ça n'a rien à voir !

- Bon, je vais me faire belle, allez, je me dépêche ...la, la, la, la !
(Elle chantonne et se dirige vers la salle de bain)

- Alors là, quand Madame se prépare, attention ! C'est un peu comme la cuisine, deux heures pour mijoter, dix minutes pour consommer.
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