Eldorado (texte libre)

La vie, c’est pas gratuit ! 
Faut tout casquer, c’est pas donné.
 
Faut payer l’eau pour ses sanglots
Et payer l’air pour avoir l’air.
Tout est payant, même le sang,
Même la guerre et les trouvères.
 
Des sentiments à prix coûtant,
C’est bon marché mais, faut aimer !
La braderie, c’est pas fini,
On a des stocks d’amour en toc.
 
Mon portefeuille est plein de feuilles,
Ca sent l’automne et le carbone
Et le diamant des pauvres gens,
Qui fait rêver, qui fait ramper.
 
J’ai un ticket « Rue de la Paix »,
J’achète tout, je deviens fou.
C’est le Monopoly des cris,
C’est la criée des condamnés.
 
C’est la curée des coeurs damnés
Et qui s’enculent et se bousculent
Et qui piétinent les matines ;
Allons, enfants dégoulinants,
 
Sur le goudron, sur le gazon,
Dans les slibars brodés de lard,
Sur les poitrines vipérines,
Sous les tailleurs qui puent la sueur.
 
Maman, t’as pas un peu d’argent
Pour être heureux, pour boire un peu ?
J’touche pas ma bille avec les filles,
Il faut leur plaire et ça vaut cher !
 
Même la mort, ça vaut de l’or.
Tous les pendus sont des tondus,
De pauvres cons qu’ont plus un rond,
Je suis bourreau, pour cent euros.
 
Eldorado, Eldorado,
C’est le réveil et le soleil.
C’était un rêve, juste un rêve… 
On a eu chaud, Eldorado !