Le Grand Marché (alexandrin)
Sam 29 Juin - 15:35
Au marché du poète on court, on se bouscule,
Ca sent la rime frite et le vers en cornet.
On jette vaillamment des mots sur la bascule,
On brade les quatrains, la verve et le sonnet.
Là-bas, près d’un étal, une jeune poissarde,
Etiquetant le prix d’un amas de crapauds,
Harangue, sans pudeur, du haut de sa cuissarde,
Une foule insipide et veule de badauds.
Ici, voyez le Duc qui chausse ses lunettes
Et déclame un poème hautement inspiré
Pour gagner la faveur de quelques midinettes
Lascives et mouillant leur jupon déchiré !
Le sage vénérable, ami de la culture,
Il ne parle jamais sans lever vers les cieux
Son ?il trempé de pleurs et de déconfiture,
Et clame son terroir d’un air sentencieux.
La veuve de l’amour, éternellement seule,
Et qui pleure un amant comme on rince un torchon,
Emplissant l’air du soir de sa plainte bégueule,
Elle traîne son c?ur tel un gros balluchon.
Au marché du poète un jour s’est fait la belle,
Ca sent la rime morte et le vers en cageot.
On jette vaillamment les mots dans la poubelle,
On rêve de quatrains au fond de son pageot.
Ca sent la rime frite et le vers en cornet.
On jette vaillamment des mots sur la bascule,
On brade les quatrains, la verve et le sonnet.
Là-bas, près d’un étal, une jeune poissarde,
Etiquetant le prix d’un amas de crapauds,
Harangue, sans pudeur, du haut de sa cuissarde,
Une foule insipide et veule de badauds.
Ici, voyez le Duc qui chausse ses lunettes
Et déclame un poème hautement inspiré
Pour gagner la faveur de quelques midinettes
Lascives et mouillant leur jupon déchiré !
Le sage vénérable, ami de la culture,
Il ne parle jamais sans lever vers les cieux
Son ?il trempé de pleurs et de déconfiture,
Et clame son terroir d’un air sentencieux.
La veuve de l’amour, éternellement seule,
Et qui pleure un amant comme on rince un torchon,
Emplissant l’air du soir de sa plainte bégueule,
Elle traîne son c?ur tel un gros balluchon.
Au marché du poète un jour s’est fait la belle,
Ca sent la rime morte et le vers en cageot.
On jette vaillamment les mots dans la poubelle,
On rêve de quatrains au fond de son pageot.
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