Météo du temps qui passe
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tapanur
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Admin
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Gangrène (poésie libre) Empty Gangrène (poésie libre)

Sam 29 Juin - 11:11
Je suis contre toi.
Sur le pourtour de ton escarpin,
Je grimpe à reculons,
Sournoisement hésitant.
Comme un prédateur,
Je suis la ligne de ton bas.
Il me faudra une minute,
Pas davantage, pour planter
Dans ta chair asservie
L’étendard des gens heureux,
Le dard de mes vieux jours.
 
Nous tisserons des pantoufles
A carreaux près d’un feu rouge et froid,
Stoppés net par le balancier
D’un éternel contretemps,
Mus par la seule pesanteur de nos
Gestes, roulant dans l’éboulis
Incessant de nos carrières éventrées.
 
Aveugles parlant des mains,
Ridés, flétris, délavés,
Nous pourrirons dans la lavande
Du placard, jouant à effeuiller
Les mites volages qui s’aiment,
Comme nous, dans les plis
Du linge propre, dans l’ombre odorante
D’un tombeau de bois.
 
Derrière la fenêtre la terre pleut,
Sans bruit, sans tristesse, car elle
Est tout simplement la terre.
Tu as pleuré, hier, souviens-t'en !
Mais c’est la vie, on le sait bien,
Qui ne passe jamais sans creuser
Son lit dans le désert des
Rêves morts.
 
Nos c?urs n’ont plus vingt ans.
C’est le vain temps des rires oubliés,
Des sacs d’écoliers qui pendent aux branches sèches,
Fruits pétrifiés et lourds.
C’est la poussière de nos visages qui grisaille,
Des regards sans vie, des heures sonnant le glas
De sources taries, oubliées.
 
J’ai creusé, au jardin, derrière le cerisier,
Un trou, un trou noir pour y jeter mon corps
Sans sève, mon crâne cerclé de plomb, ma gangrène
Incurable.
 
Et même là, loin de tout ce qui jouit encore,
De la jeunesse bravache et de l’horizon rassurant
S’éteignant avec le soir, même là, passent encore
Les fantômes de nos pas pressés qui battaient un pavé conquérant.
 
Je prie alors, à genoux, et avale le ciel
Qui s’enroule en cône dans ma chair,
Me spirale de peur, me tord de chagrin, m’enroule dans
Ses bras cotonneux puis, me porte, en éclats de sang,
Jusqu’aux immensités béantes du néant.
 
L’étoile filante est passée !
Ne regarde plus là haut car le nuage
A déjà posé son suaire blanc sur ma fuite obscure.
Je suis loin de ton lit d’enfant. Dors et ne rêve
Plus que de tes jeux, toi qui ouvres des yeux
Limpides sur un jour nouveau, toi qui portes sur ton 
Petit dos l’univers entier pesant tel une belle et légère éternité.
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